(Investir au Cameroun) – La plateforme d’échange de cryptomonnaies Yellow Card est au centre d’un litige financier. Son conseil, Me Jonie Banyong Fonyam, Jr, par ailleurs actionnaire et administrateur au Cameroun, est placé en garde à vue depuis le 27 décembre 2023 à la prison centrale de Douala, après dix jours de garde à vue à la police judiciaire. Il est accusé de rétention frauduleuse et d’escroquerie d’une somme de 510 millions de FCFA.
Dans une déclaration publiée le 31 décembre 2023, la fintech américaine qui opère au Cameroun par le biais de deux filiales (Yellow Card Cameroon et Backend Tech Services), précise que la détention de son administrateur est relative à un différend commercial avec deux de ses clients. Il s’agit des Camerounais Sébastien Bodang et Cedric Tifuh Fon, ainsi que leurs sociétés respectives, Bosecx FX LTD et Fon Tifuh FG Enterprises. Clients de Yellow Card depuis 2021, ces derniers ont effectué un total de 2213 transactions dont huit (environ 0,3%) font l’objet du litige financier.
D’après Yellow Card, ces clients n’auraient pas réglé l’intégralité des montants à percevoir, entraînant une dette de 510 millions de FCFA, répartie sur les huit transactions (au lieu d’une seule transaction). Présente dans une vingtaine de pays africains, Yellow Card soutient par ailleurs que Me Jonie Banyong Fonyam n’était ni dirigeant ni administrateur au moment des transactions. Il faut rappeler qu’il a été nommé administrateur en novembre 2022. L’entreprise indique qu’en octobre 2023, après avoir procédé à un processus exhaustif de rapprochement des relevés bancaires et à un audit interne, la dette impayée a été déduite d’une transaction entre les parties.
Cette déduction est contestée par les deux clients qui affirment que les huit transactions en litige, ils ont payé un montant total de 510 millions de FCFA en espèces à l’ancien employé de Yellow Card, Nigel Ndikombui Mingoh. Mais ces derniers, selon Yellow Card, n’ont pas réussi à justifier leurs affirmations par des documents écrits ou des enregistrements de communications électroniques datés de l’époque où se sont déroulés les faits. « Yellow Card n’accepte pas et n’a jamais accepté d’argent liquide payé directement à la société ou aux représentants de la société (…) dans le cadre de la conformité de sa conformité avec les lois et règlements contre le blanchiment d’argent et la criminalité financière… », soutient la fintech.
Malgré des discussions entamées pour résoudre le différend à l’amiable, « les plaignants ont eu recours à des moyens non orthodoxes afin de biaiser le cours de la justice au Cameroun en influençant les fonctionnaires pour faire arrêter Jonie, ce qui a été fait sur instruction du procureur général auprès la Cour d’appel du Littoral », accuse Yellow Card, qui juge absurde que « Jonie ait été accusé d’actes criminels pour un litige purement commercial dans lequel il n’a entrepris aucune action, et ait été incapable d’obtenir une libération sous caution alors que les actes criminels allégués constituent des délits passibles de caution ». Joints au téléphone, les plaignants n’ont pas souhaité se prononcer sur cette affaire.
Au cours de sa première audience le 3 janvier dernier, le tribunal a rejeté la demande de liberté provisoire formulée par les conseils de Me Jonie Banyong Fonyam et ordonné l’ouverture des débats. La prochaine audience est prévue le 15 janvier prochain.
Frédéric Nonos