CEMAC : comment les salaires des fonctionnaires vont ponctionner les recettes des États en 2024

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Le traitement des agents de l’Etat augmente visiblement plus vite que les recettes fiscales. Du Cameroun au Tchad en passant par le Congo, le Gabon ou encore la RCA, les projections dépenses de personnels des pays de l’espace communautaire sont loin du ratio salaires/recettes fiscales, fixé par le pacte de convergence communautaire.

C’est certainement la plus grande progression en termes de dépenses de personnels depuis deux ans dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA, et Tchad). Le Cameroun, en l’espace de trois ans, a vu sa masse salariale passer de 1003 milliards de Fcfa en 2021 à 1256 en 2023, puis à 1428 milliards de Fcfa en 2024. Selon les critères et indicateurs de convergence de la Cemac établis en 1994 et revus en 2002, les indicateurs analytiques, disposent que le ratio de la masse salariale rapporté aux recettes budgétaires totales, hors dons, doit être de 35%.

En analysant de près la situation du Cameroun, le pays prévoit de collecter des recettes fiscales de 4168,1 milliards de Fcfa pour une masse salariale de 1428,3 milliards de Fcfa en 2024 dédiée à 376 497 fonctionnaires et agents de l’Etat (fin mars 2023). Soit un ratio de plus de 34%, en conformité avec le pacte de convergence communautaire.

Au Congo, les autorités ont fixé les recettes fiscales dans la loi de finances à 935 milliards de Fcfa en 2024 contre 798 milliards en 2023. Les salaires des fonctionnaires et agents publics (54 310 civils au 321 décembre 2021 selon le gouvernement), quant à eux, ont été pondérés à 406 milliards de Fcfa. Pour coller aux exigences communautaires, le Congo aurait dû se positionner à 327,25 milliards de Fcfa de masse salariale. Mais avec le niveau affiché dans la loi des finances, le pays affiche près de 40% de dépenses par rapport aux recettes fiscales projetées. Mais les principales recettes du pays étant constituées de revenus pétroliers projetés à 1 464,9 milliards de FCFA cette année, le gap est comblé par l’excédent de cette manne.

Le Gabon a plafonné les dépenses salariales des 112 077 personnels et agents de l’Etat à 771,7 milliards de Fcfa en 2024, après avoir augmenté ses projections de recettes fiscales de 233,4 milliards de Fcfa. L’année dernière, celles-ci s’établissaient 1531,704 milliards de Fcfa. L’évolution ce cet exercice les hisse d’office à 1765,004 milliards de Fcfa. Calculette en main, le ratio masse salariale/recettes fiscales du Gabon, s’établit à environ 45%, soit un dépassement de 10%.

La masse salariale de la fonction publique au Tchad est de 614 milliards de Fcfa en hausse de 100 milliards par rapport à l’année dernière. Paradoxe cependant, alors que cette masse est en progression, les recettes fiscales quant à elles passent de 607 milliards de Fcfa en 2023, à 304 milliards de FCFA cette année. Soit une chute de 50%. Conformément aux exigences de la Cemac, le Tchad aurait dû caler les salaires de ses 17 000 travailleurs du secteur public à 106,4 milliards de Fcfa. Mais avec 614 milliards de Fcfa, on n’est pas loin des 500% de dépassement. Une situation d’autant plus difficile pour le Tchad, que les recettes pétrolières constituées des recettes fiscales pétrolières, des redevances, des dividendes et du droit d’accès au pipeline attendus en 2024, sont en repli cette année de 115 milliards de Fcfa à 952 milliards de FCFA, contre 1.067 milliards de FCFA en 2023.

En 2024, la République Centrafrique attend des recettes budgétaires en augmentation de 20,38 milliards de Fcfa à 160,5 milliards de Fcfa. Par rapport à l’année 2023 où elles s’établissaient à 140,11 milliards de Fcfa, elles affichent une hausse de 14,55%. Aussi sont-elles réparties par régie comme suit : recettes douanières : 67,50 milliards de FCFA ; impôts et domaines : 65,50 milliards de FCFA ; et 27,50 milliards de FCFA du Trésor.

Seulement, les dépenses budgétaires globales s’établissent à 319,89 milliards de FCFA en 2024, contre 297,34 soit une augmentation de 6,47%. Les dépenses primaires représentent dans cette enveloppe, 207,52 milliards de FCFA pour plus de 20 000 personnels. Au sens des textes de la Cemac, les dépenses de personnels de ce pays devraient s’établir à 56,175 milliards de Fcfa, calculette en main. Mais, l’on peut constater qu’avec les performances attendues des administrations d’assiette, le pays vit au-dessus de ses moyens avec une masse salariale bien au-delà des recettes fiscales.

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