COMMENT DES FONCTIONNAIRES DES DOUANES ET HOMMES D’AFFAIRES ONT ORGANISE LE DETOURNEMENT DE 50 000 TONNES DE DON DE BLE A LA CENTRAFRIQUE POUR EMPOCHER 8 MILLIARDS FCFA
C’est un énième scandale de détournement. Sauf que cette fois-ci il ne s’agit pas que des fonctionnaires camerounais, mais l’affaire implique des hommes d’affaires cupides, mais également étrangers. Optique: détourner près de 8 milliards Fcfa.
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à la Russie, le pays de Vladimir Poutine. Au dernier sommet Russie-Afrique de Juillet 2023 qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg, auquel a pris part Paul Biya, le Président Russe, Vladimir Poutine prend l’engagement de faire un don de 200.000 tonnes de blé à 6 pays africains. Parmi lesquels la République Centrafricaine (RCA) à qui 50.000 tonnes sont octroyées. Un pays en proie à l’instabilité politique et l’un des pays les pauvres de la planète. Il s’agit donc d’un geste humanitaire du président russe. Sauf que la République centrafricaine n’a pas de capacité de transformer le blé en farine pour la fabrication du pain. Le pays n’a pas de minoterie. Le Cameroun, pays d’arrivée de la cargaison et qui dispose de la logistique est mieux placé pour pour offrir une solution plus adéquate aux centrafricains.
C’est ainsi que le 21 décembre 2023, le directeur des douanes Centrafricain écrit à son homologue camerounais, EDWIN FONGOD NUVAGA pour obtenir l’autorisation de vente des 50 000 tonnes de blé aux meuniers camerounais qui pourront le transformer en farine moulue et être racheté par la suite par les autorités centrafricaines.
Par une correspondance du Directeur Général des Douanes Camerounaises (DGD) (réf. N°016439/MINFI/DGD3/CDL) du 26 décembre 2023, dont le libellé indique qu’il répond à une demande de son homologue Centrafricain, la confirmation de la vente des 50.000t est établie. Le DGD énonce les conditions de vente de ce don, parmi lesquelles une exonération de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), tant sur le blé à vendre aux entreprises Camerounaises que sur le produit fini issu de sa transformation, la farine, à acheter par le Gouvernement Centrafricain. Ainsi le directeur général des douanes du Cameroun autorise de liquider les droits de douanes sur le blé sans qu’aucune disposition n’est prise pour s’assurer de la vente de toute la farine en Centrafrique. Cette farine était destinée à être distribuée aux populations. Cette lettre du DGD fait bondir le Groupement des Industries Meunières du Cameroun (GIMC) qui ne comprend pas qu’un don de blé de la Centrafrique, pays étranger soit vendu au Cameroun. Et en plus exonéré de TVA alors que les subventions de l’Etat (15 milliards Fcfa) et exonérations douanières visaient à appuyer les meuniers camerounais pour empêcher une pénurie de farine sur le marché national et non faire profiter des pays étrangers.
Dès lors cette manoeuvre de FONGOND EDWIN non seulement pose un problème éthique ( vente d’un don), mais fait perdre l’argent à l’Etat du Cameroun. Plus grave ouvre la voie à des pratiques commerciales véreuses. Le GIMC fait connaître au Ministre du Commerce Camerounais, Luc Mbarga Atangana, sa position de décliner l’offre de vente de ce blé et s’est positionné clairement pour un rôle de transformateur au profit du peuple Centrafricain, moyennant une rétribution convenue de commun accord. Luc Mbarga Atangana demande au DG des douanes de contacter les russes à travers le ministère des Finances de Louis Paul Motaze pour savoir si ils sont favorables à une cession/vente de leur don de blé et lui rendre compte.
Au moment où ses tractations sont en cours, un 1er navire de blé du don de la Russie à destination de la Centrafrique est arrivé sur les eaux Camerounaises le 15 décembre 2023. Il entrera à quai le 10 janvier 2024 à 18h et sera déchargé sur autorisation du directeur general des Douanes alors même que Luc Mbarga Atangana, le ministre du commerce attend la réponse des russes. L’on découvrira que ce don centrafricain a été vendu et acheté par la Société des Céréales du Cameroun (SCC) sans autorisation express du gouvernement.
8 MILLIARDS FCFA
La SCC sans scrupules éthiques veut réaliser des bénéfices. Alors que le prix de la tonne sur le marché est de 325 E ( 212 875 Fcfa ), elle acquiert le don de blé centrafricain à 225 E soit 147 375 Fcfa. Soit un benefice de près de 100 000 Fcfa par tonne de blé. Ce blé après transformation en farine reviendra 500 E par tonne soit 400 000 Fcfa. Au final la SCC compte engranger près de 8 milliards Fcfa après l’acquisition des 50 000 tonnes de don de blé destiné au peuple centrafricain. SCC par manque d’une capacité conséquente de stockage ou ayant besoin de faire un montage financier pour se partager les risques, s’est fait accompagner dans cette manœuvre de basse besogne par une autre entreprise camerounaise, jusque là connue pour sa présence dans le secteur des pâtes alimentaires qu’elle importait, BROLI, qui a installé récemment une unité de fabrication de pâtes alimentaires dénommée Africa Food Manufacture /Semoulerie (AFM) .
Au moment où SCC poursuit le déchargement de “son” navire, le directeur général des douanes du Cameroun, Edwin Fongod Nuvaga a annonçé que le 2ème navire du don de blé russe de 15 000 t a été acquis par AFM, partenaire de SCC dans le 1er navire. C’est à dire les douanes du Cameroun sans obtenir l’autorisation du gouvernement sont en train de vendre illicitement 50 000 tonnes d’un don de blé destiné aux populations un pays frère et ami en difficulté. Voilà donc comment des fonctionnaires des douanes en collusion avec des hommes d’affaires ont organisé le détournement de 50 000 tonnes de don de blé centrafricain pour empocher une coquette somme d’environ 8 milliards Fcfa. Dont même pas 25% reviendra au peuple centrafricain. Mais cette opération a été possible en complicité avec le ministre centrafricain de l’agriculture.
Boris Bertolt
Lu Pour Vous