Abbas Mahamat Tolli : direction Banque Africaine de Développement

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L’actuel gouverneur de la Beac, dont le mandat s’achève le mois prochain, est le candidat du Tchad pour l’élection à la présidence de l’institution panafricaine de financement du développement, qui se tient l’année prochaine. Après l’échec d’un premier candidat il y a dix ans, son pays mise sur le consensus qu’ il vient d’obtenir auprès des chefs d’Etats de la sous région et sur un homme ayant déjà dirigé une institution similaire : la Bdeac.

Sa présence n’est pas passée inaperçue dans la tournée sous régionale que vient d’effectuer Mahamat Assouyouti Abakar, le ministre tchadien de l’Economie, du Plan et de la Coopération internationale. Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), figurait bien dans la délégation reçue le 15 janvier à Libreville (Gabon), par Brice Clotaire Oligui Nguema, et à Bangui (RCA) par Faustin Archange Touadera. Le lendemain, l’Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo la recevait à Malabo. Le Congolais Denis Sassou-Nguesso prenait le relais le 17 janvier et Paul Biya bouclait 19 janvier, à Yaoundé (Cameroun).

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Lors de l’étape brazzavilloise, l’émissaire de Ndjamena a fourni un indice sur la présence du banquier central, dont le bail expire dans moins d’un mois. « Son mandat est avant tout un mandat du Tchad avant d’être le sien. On a eu l’occasion de présenter au président Sassou les réformes et les succès que le gouverneur a eu à mener durant son mandat », indiquait Mahamat Assouyouti Abakar.

Leçons du passé

Un bilan qui cache en fait la véritable raison de ce périple : le soutien que le Tchad sollicite pour faire d’Abbas Mahamat Tolli le candidat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) en particulier, et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) en général, à la prochaine élection du président de la Banque Africaine de Développement (BAD), qui doit intervenir l’année prochaine.

Le Tchad récidive donc, après l’échec en 2015 de Bedoumra Kordjé, son ancien ministre des Finances, qui fut vaincu par le Nigérian Akinwumi Adesina, l’actuel titulaire du poste et dont le mandat expire en août 2025. Tirant les leçons du passé, le pays de Toumaï s’y prend plus tôt pour éviter d’autres candidatures au sein de la Cemac et de la Ceeac. Il veut surtout obtenir le plus rapidement possible le soutien sans faille des pays membres des deux espaces économiques, soit une dizaine de voix en perspective, que d’attendre la dernière minute. En effet, il avait fallu attendre le mois de mai 2015, soit quelques jours avant le scrutin, pour arracher cette onction. La perspective d’un sommet des chefs d’Etat de la Cemac, dans les prochains jours, permettrait de régler rapidement cette formalité. Cela laisserait du temps au gouvernement tchadien d’aller à l’assaut de la Ceeac dans les prochaines semaines, et de battre campagne dans les autres régions du continent et auprès des actionnaires de l’institution se trouvant à l’extérieur.

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Car le candidat tchadien ne manque pas d’atouts. A 51 ans, Abbas Mahamat Tolli se met sur les pas d’un devancier. Avant de conquérir la présidence de la BAD, en 2005, le Rwandais Donal Kaberuka fut le gouverneur de la banque centrale de son pays. En outre, le CV du postulant est un chapelet impressionnant de postes prestigieux. Que ce soit dans son pays où le diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Paris et de l’université du Québec, au Canada, a géré les portefeuilles ministériels des Finances et de l’Economie, après avoir été le directeur de cabinet du défunt président Idriss Deby Itno. Et dans la sous-région où il a dirigé la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) et la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac). Avant de présider aux destinées de la banque centrale régionale, il en a été le secrétaire général il y a une quinzaine d’années. Non sans avoir été administrateur pour l’Afrique au FMI.

Carnet d’adresses

Son passage à la tête de cette institution se solde par une dynamisation conséquente du marché des titres publics (bons et obligations du trésor), dont l’encours a progressé de 513,9% entre 2016 et 2022, passant de 916,1 milliards de Fcfa en 2016 à 4.708,2 milliards de Fcfa en fin janvier 2022. Sous son impulsion, la zone Cemac dispose désormais d’un marché financier unique, avec une bourse des valeurs régionale installée à Douala. Surtout, la mise en œuvre de la nouvelle réglementation de changes, en dépit des pressions de toutes sortes, notamment des industries du secteur extractif (hydrocarbures et mine), a permis la reconstitution des réserves de change. Des réalisations et bien d’autres qui constitueront des atouts à faire valoir auprès des électeurs de la BAD. Une opportunité pour le natif d’Abéché, au nord du Tchad, de mettre à contribution l’impressionnant carnet d’adresses qu’il a forgé durant une carrière remplie. Depuis sa création en 1964, la BAD n’a jamais été dirigée par un ressortissant de l’Afrique centrale.

 

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