Fin janvier et début décembre 2019, le gouvernement et les groupes armés centrafricains avaient signé à Khartoum (Soudan), l’« accord politique pour la paix et la réconciliation », qui repose sur trois axes : le désarmement, la justice et la décentralisation . Sur le premier axe, le président de la République, Faustin Archange Touadera, indiquait en fin d’année 2023 que cet accord a permis de désarmer et démobiliser 4.884 ex-combattants, d’intégrer 1000 autres dans les forces de défense et de sécurité et d’obtenir la dissolution de 9 groupes armés. Par ailleurs, le projet de réintégration des ex-combattants, financé par la Banque mondiale, a permis de former et de réinsérer dans leurs communautés 2.819 ex-combattants, d’assurer la réinsertion socio-économique de plus de 1000 jeunes à risque et la réalisation de 70 infrastructures socio-économiques telles que les fourrages, les écoles, les maternités et les magasins de stockage de semences. En ce qui concerne la justice, « la lutte contre l’impunité s’est intensifiée par l’organisation de nombreuses sessions criminelles par les Cours d’appel et la Cour pénale spéciale en plus des audiences correctionnelles régulièrement tenues par les tribunaux. Dans ce registre, la justice militaire a poursuivi et puni les militaires et assimilés ayant commis des infractions à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions », a-t-il souligné.
L’axe de l’accord de Khartoum qui connaît le moins d’avancées aujourd’hui est celui de la décentralisation, malgré la promulgation depuis plus de trois ans (2020) d’une nouvelle loi portant organisation et fonctionnement des collectivités territoriales, qui encadrer ce processus. A noter que le Sénat qui a vocation à jouer un rôle clé dans la politique de décentralisation et qui est prévu dans la loi pourrait attendre toujours d’être mis en place. Les lignes pourraient néanmoins bouger à partir de l’année 2024 qui commence, grâce à l’accompagnement d’un certain nombre de partenaires. A l’instar de la Banque mondiale (BM) qui va investir 90 millions de dollars, soit environ 54 milliards Fcfa, dans le pro jet Gouvernance locale et de résilience des communautés (E-Kpengba), dont le lancement officiel a eu lieu il ya quelques à Bangui. Ce financement approuvé par le conseil d’administration de l’institution de Bretton Woods en septembre dernier est en effet disponible depuis le 26 décembre.
E-Kpengba entend « renforcer les capacités locales pour une prestation de services adaptée aux besoins des citoyens, d’améliorer l’accès aux infrastructures socio-économiques de base adaptées au climat et de fournir un soutien socio-économique à la réintégration des ex- combattants », explique le représentant résident de la Banque mondiale en Centrafrique, Guido Rurangwa. Cet objectif est traduit en trois composantes dont la première sera axée sur la déconcentration des financements et le renforcement des capacités et prestations des services locaux. Cette première composante bénéficie d’une enveloppe de 18 millions de dollars, soit environ 11 milliards Fcfa. La deuxième composante portera sur la résilience des communautés, avec une enveloppe de 48 millions de dollars (environ 29 milliards Fcfa). La dernière, consacrée à la réintégration socio-économique des ex-combattants, est dotée d’une enveloppe de 10 millions de dollars, soit à en peu près 6 milliards Fcfa. Entre autres résultats escomptés à l’issue du projet, les autorités locales dans les zones cibles, à savoir les préfectures de la Lobaye, de la Basse-Kotto, du Mbomou et de la Vakaga, verront leurs capacités renforcées, afin de mieux servir leurs populations ; plus de 70.000 personnes auront un meilleur accès aux services communautaires (de base) – choisis dans un processus participatif ; Plus de 22 000 bénéficiaires de travaux à haute intensité de main d’œuvre (Thimo) vont contribuer à la réhabilitation des routes rurales et des autres infrastructures communautaires. L’objectif est également que les communautés locales deviennent plus résilientes face au changement climatique, grâce à des diagnostics climatiques participatifs, à l’adaptation des infrastructures au climat et au renforcement des capacités au niveau local.
Ecomatin