L’agence Bloomfield a attribué un BB+ à la République centrafricaine. Cette première notation financière marque une étape importante dans le développement économique du pays.
La RCA tient la première notation en devise locale de son histoire. En effet, le 5 avril dernier, l’agence de notation ivoirienne Bloomfied Investment Corporation a décidé de lui attribuer la note BB+ pour ses emprunts à long terme assorti d’une perspective stable au terme d’une évaluation entamée en 2023. Cette notation correspond à la catégorie « risque très faible » de l’agence ivoirienne. « La République Centrafricaine a obtenu la note BB+ (note spéculative) avec une perspective stable à long terme et la note B (note spéculative) avec une perspective stable. Pour un pays post conflit, la forte volonté politique de rentrer dans ce processus de transparence et de bonne gouvernance est fortement appréciable. Cette note donne désormais un accès beaucoup plus large à la RCA au marché des capitaux de la Cemac. Bloomfield va faire un suivi permanent de la note et informer le marché des évolutions », commente Stanislas Zézé, PDG de Bloomfied Investment Corporation.
Lire aussi : Bloomfied attribue un «A» au Port de Douala avec une perspective stable
Cette notation intervient dans un contexte où, le pays présentera la semaine prochaine à Douala au Cameroun, son plan d’action sur le marché domestique de la Cemac. Pour l’exercice 2024, le Trésor centrafricain a l’ambition de lever une enveloppe globale de 200 milliards de Fcfa sur le marché des titres publics de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). La notation financière en monnaie locale sur une échelle régionale permettra de renforcer les prises de décision d’investissement en appréciant de manière objective la qualité de signature de l’Etats de la zone Cemac en monnaie locale. D’autant plus que depuis le depuis de l’année, Bangui peine à convaincre les investisseurs.
Selon les données de la Beac, le pays peine à lever l’intégralité des financements qu’il sollicite sur le marché des titres publics de la banque centrale. A titre d’illustration, sur un montant global recherché de 25 milliards de Fcfa entre janvier et février à travers 4 adjudications d’OTA et un abondement, le pays n’a pu mobiliser que 11,2 milliards de Fcfa, soit un taux de souscription de moins de 50%. Le pays comptait alors sur cette notation pour améliorer son profil émetteur. « L’enjeu de la notation financière est considérable pour un pays comme la RCA dont les besoins de finances sont immenses. Car bien qu’il ne s’agisse que d’une note que donnera l’agence de notation Bloomfield Investment Corporation, leader du domaine en Afrique francophone, celle-ci influence de façon très importante les investisseurs dans leurs choix de supports financiers en faveur du pays. En d’autres termes, une bonne note permettra à la RCA de trouver facilement des investisseurs pour la construction des infrastructures nécessaires au développement inclusif du pays », avait expliqué le ministre des Finances Hervé Ndoba.
La crédibilité de la RCA renforcée
La notation financière aura donc des implications importantes pour le pays. D’abord, elle facilitera l’accès de la RCA aux marchés financiers domestiques, permettant ainsi au gouvernement d’emprunter à des taux d’intérêt plus avantageux. Cela ouvrira également la voie à de nouveaux investissements étrangers, essentiels pour stimuler la croissance économique et créer des emplois dans le pays. « La note à long terme BB+ et la note à court terme B attribuées à ce pays vont permettre non seulement au gouvernement de transformer les faiblesses en opportunité mais constituent pour les investisseurs une source importante d’informations ou d’appréciation des risques sur lesquelles ils peuvent baser leurs décisions d’investissement. L’intérêt de la notation réside dans le fait qu’elle guide les stratégies des investisseurs », commente le ministère des Finances.
Lire aussi : Marché des capitaux : la Centrafrique sollicite Bloomfield pour sa première notation financière
De plus, cette notation financière renforcera la crédibilité de la RCA sur la scène internationale, ce qui pourrait conduire à une augmentation des partenariats économiques et des accords commerciaux avec d’autres pays. En fin de compte, cela contribuera à diversifier l’économie centrafricaine, qui est actuellement largement dépendante de l’industrie minière. « La notation financière souveraine de la République centrafricaine, constitue un tableau bord mettant en exergue les forces et faiblesses du système de gouvernance de la RCA. Raison pour laquelle, le ministre chargé des Finances et du Budget Hervé Ndoba a exprimé, au nom du gouvernement, une satisfaction pour la note attribuée qui, marque le couronnement des efforts entrepris dans le cadre de la bonne gouvernance et d’amélioration du climat des affaires à l’issue d’une période sécuritaire difficile que le pays a connu », renseigne le pays.
Défis à relever
Malgré cette première notation financière, la RCA doit encore faire face à des défis majeurs pour consolider sa position économique. La stabilité politique reste un enjeu crucial, car les investisseurs étrangers recherchent des environnements politiques stables et prévisibles pour investir à long terme. Le gouvernement centrafricain doit également continuer à mettre en œuvre des réformes économiques et à améliorer l’environnement des affaires afin de favoriser l’investissement et la croissance durables.
Ecomatin