Centrafrique : Yvon SANA BANGUI à la BEAC : Du parcours du combattant à la force de la diplomatie  

 

 

Tel est couperet, la décision de nomination du Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) est tombée ce 09 février 2024 au cours d’un Sommet Extraordinaire de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (CEMAC). Le choix de tous les Chefs d’Etats sans exception aucune a porté sur le Centrafricain, Yvon SANA BANGUI, qui, du haut de ses Quarante et neuf (49) ans, a connu un parcours plus que prestigieux au sein de l’Institution dont il tient désormais les rênes. Et le sort a voulu que cette désignation soit actée à Bangui. Hasard, coïncidence, faits des oracles ? Suivez mon regard et vous verrez que le nouveau Gouverneur s’appelle Yvon SANA BANGUI !

Le parcours du combattant…

Quatorze ans après le fiasco de 2010, c’est pour la première fois que la République Centrafricaine occupe de hautes fonctions de cette espèce dans les instances sous-régionales. Pour rappel, en 2010 la République Centrafricaine avait perdu le poste du Président de la Commission de la CEMAC au profit du Congo alors que le Cameroun venait de terminer son mandat. Les mêmes démons ont resurgi depuis l’annonce de fin de mandat du Tchadien Abbas Mahamat Tolli. Au nom du principe de la rotation, le poste du Gouverneur de la BEAC revient à la République Centrafricaine. Plusieurs candidats se sont présentés. De gros calibres comme des moindres, des candidats internes comme externes. Sous l’effet des chasseurs de primes, un nom a fuité, celui d’Yvon SANA BANGUI. De manière rocambolesque, les spéculations et supputations de tout genre ont été alimentées depuis que ce nom a fuité comme candidat unique présenté par la République Centrafricaine au poste du Gouverneur de la Banque Centrale. Mais c’est sans tenir compte du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat Centrafricain que les velléités de succession pourrissaient l’échiquier médiatique. Vouloir n’est pas certainement pouvoir dans ce cas. Il fallait bien siffler la fin de la récréation dans cette valse. En tant que Président en exercice de la CEMAC, Faustin Archange Touadéra a décidé d’un Sommet Extraordinaire de l’Organisation tenu en vidéo-conférence ce 09 février. Le verdict est sans appel, Yvon SANA BANGUI est adoubé Gouverneur de la BEAC. Ce n’est pas un homme qui a été bombardé à ce poste. C’est une maison qu’il connaît. Les qualifications, il en a. Un DESA en informatique et un Master en Economie et gestion publique. C’est un homme simple, bien et vrai pour le métier, au-delà de son jeune âge (49 ans).

La force de la diplomatie…

Le choix d’Yvon SANA BANGUI est avant tout, le fruit d’une diplomatie agissante. On se souviendra qu’il y a de cela, un an, une note des représentants Français membres du Conseil d’Administration de la BEAC avait voulu faire déroger au principe de rotation. Elle insinuait que même si le poste revenait à la République Centrafricaine, il aurait fallu que le candidat bénéficie du quitus du Conseil d’Administration. Ce piège tendu a été sagement évité par les Autorités Centrafricaines. Mais la grande prouesse diplomatique de la République Centrafricaine a été de réaliser l’inédit, celui de conserver encore le poste du Secrétaire Général de la COBAC en même temps que le poste du Gouverneur de la BEAC. Logiquement, le poste revenait à la République du Congo. Mais les Chefs d’Etat à l’unanimité ont renvoyé cette désignation aux calendes grecques, une solution de juste mesure a été trouvée. La République Centrafricaine garde encore le poste en attendant la résolution du conflit. C’est dire que le pays de Boganda qui revient de loin, sait se faire respecter et peut s’imposer davantage sur la scène internationale avec des hommes de valeurs. Les chantiers sont énormes mais le nouveau Gouverneur saura tirer son épingle de jeu à travers une opération de rupture dans la continuité. Bonne chance à Yvon SANA BANGUI qui, désormais, signera les billets de banque en circulation dans la zone CEMAC. Un acte peut être anodin mais grandement historique.

 

Gabriel MENDONZA

 

 

Read Previous

Infrastructures : au Cameroun, l’Etat a besoin de 21 000 milliards pour financer 72 projets en 3 ans

Read Next

Les dossiers chauds qui attendent le nouveau gouverneur de la Beac

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Most Popular