Cobac : comment un désaccord entre chefs d’Etat permet au Centrafricain Ouanzin de conserver son poste de secrétaire général

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Alors que les dirigeants de la Cemac devaient désigner le successeur du Centrafricain Maurice Christian Ouanzin à la tête du Secrétariat général de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), le processus a été entravé par un désaccord entre les chefs d’Etat tchadien, congolais et gabonais. Dans cette impasse, la Centrafrique gouverne deux des institutions phares de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac), en violation des principes d’équité et de non-occupation concomitante communautaire.

La récente nomination du nouveau gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale (Beac) a mis en lumière des tensions et rivalités entre certains Etats de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Cependant, au cœur de ces luttes de pouvoir se trouve une autre bataille, certes moins médiatisée mais tout aussi significative : celle pour le poste de Secrétaire général de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Réunis par visioconférence le 9 février dernier, les dirigeants de la Cemac se sont efforcés de parvenir à un accord pour désigner le successeur de Maurice Christian Ouanzin, originaire de la République Centrafricaine et en fonction depuis le 18 décembre 2021. Cependant, des divergences sont apparues, entravant ainsi la conclusion du processus engagé par les chefs d’Etat de la sous-région.

Pourtant, la nomination du Centrafricain Yvon Sana Bangui au poste de gouverneur de la Beac en remplacement du Tchadien Abbas Mahamat Tolli, devait automatiquement mettre fin aux fonctions de son compatriote Maurice Christian Ouanzin. En effet, les principes d’équité et de non-occupation concomitante en vigueur au sein de la Cemac n’autorisent pas des ressortissants d’un même Etat membre à occuper pendant la même période, deux postes de premiers dirigeants des institutions de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac). En conséquence, la Conférence des chefs d’Etat tenue le 9 février a « décidé de sursoir à la nomination du secrétaire général de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac », informe le président de ladite Conférence, le chef de l’Etat centrafricain Faustin Archange Touadera dans le communiqué ayant sanctionné les travaux.

lire aussi : Cemac : Oligui Nguema lance les travaux de construction du siège de la Cobac d’un coût de 35 milliards de FCFA 

Le spectre de la bataille pour la présidence de la Bdeac

Selon des indiscrétions, les discussions ont été vives au cours de cette Conférence. Durant les travaux, le président de la République du Tchad a tenté de contourné les règles communautaires. , Mahamat Idriss Déby Itno aurait soutenu que le poste de secrétaire général du régulateur du secteur bancaire dans la sous-région revient à son pays, en vertu d’une promesse qui lui aurait été faite lors de la bataille pour la présidence de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac) qu’il réclamait déjà en 2022 et qui avait finalement été confiée au Camerounais Dieudonné Evou Mekou. A cette époque, Mahamat Idriss Déby Itno estimait que la présidence de cette institution financière revenait à son pays compte tenu de ce que, le dernier ressortissant tchadien à l’avoir occupé, en l’occurrence Abbas Mahamat Tolli, n’y a passé que deux années avant d’être nommé gouverneur de la Beac. Des sources rapportent qu’il avait alors été promis à Mahamat Idriss Déby Itno que son pays reprendrait la tête d’une institution de l’Umac dès la prochaine occasion. Or, il se trouve que la Cosumaf (Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale) est déjà dirigée par la Camerounaise Jacqueline Adiaba-Nkembe, tandis que le Centrafricain Yvon Sana Bangui vient d’être nommé gouverneur de la Beac. Il ne reste plus que le secrétariat général de la Cobac.

Respect du principe de rotation

Le problème, c’est que, suivant le principe de rotation, le futur patron du gendarme du système bancaire régional est appelé à être un ressortissant de la République du Congo. Au cours des travaux du 9 février dernier, le président congolais Dénis Sassou Nguesso a milité pour la stricte application des textes communautaires en s’opposant aux revendications de son homologue du Tchad. Selon des informations de Jeune Afrique, le dirigeant congolais aurait trouvé un allié en la personne du président de transition du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema qui, pour sa part, devait proposer le nom d’un de ses compatriotes, pour prendre le poste de secrétaire général adjoint de la Cobac en remplacement du Congolais Marcel Ondele.

La balle est dans le camp de Touadera

Ces divergences pour le contrôle de la Cobac entre Mahamat Idriss Déby Itno et les autres dirigeants, en particulier Denis Sassou Nguesso, reflètent des enjeux politiques et économiques plus larges au sein de la région. Cette lutte d’influence qui illustre les défis auxquels est confrontée la Cemac dans sa quête de stabilité et de cohésion régionale, profite cependant à la République Centrafricaine qui dirige jusqu’à nouvel ordre, deux des institutions phares de l’Umac. Ainsi, afin de trouver une solution durable d’équité dans la répartition des postes de premiers dirigeants des institutions de la Cemac, la Conférence des chefs d’Etat a pris la résolution de donner « mandat au président de la Commission pour étudier la question et présenter un rapport de nature à garantir l’équilibre des postes dans la communauté ». La question devrait être réglée lors de la prochaine Conférence des chefs d’Etat.

Ecomatin

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