Une vague d’arrestations agite le quartier musulman du PK5 à Bangui
Depuis le 28 avril, une poignée de leaders de groupes d’autodéfense, réintégrés dans un bataillon d’infanterie, ont été appréhendés par l’armée centrafricaine, aidée par des éléments russes.
Les Forces armées centrafricaines (FACA) ont procédé, en toute discrétion et sous la supervision des paramilitaires russes du groupe Wagner, à une importante série d’arrestations, au sein du très sensible quartier musulman et commerçant du PK5 à Bangui.
L’opération, lancée le 28 avril, vise plusieurs leaders des groupes d’autodéfense, qui ont régné par le passé sur le PK5 et qui ont tous en commun d’avoir intégré en 2021 le bataillon des FACA BIT-7. Parmi les anciens officiers interpellés figurent le capitaine Moussa Major, Oumar Sanda ainsi que Sergent Zackaria. Leur ancien leader au sein des milices, Mahamat Rahama, alias “LT”, est quant à lui en fuite depuis plusieurs jours.
Pour cette opération particulièrement sensible au sein du PK5, l’armée centrafricaine s’est appuyée sur les solides réseaux du ministre de l’élevage, Hassan Bouba. Rangé du côté du gouvernement et des Russes depuis 2020, cet ex-bras droit du chef rebelle Ali Darass est indispensable aux autorités dans leur tentative de dissoudre le BIT-7.
Un bataillon dans le viseur
Ce bataillon d’infanterie territorial de l’armée avait été créé en janvier 2021, au lendemain de l’attaque de Bangui par des éléments de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), sous la supervision du Russe Valéry Zakaharov, à l’époque conseiller du chef de l’État, Faustin-Archange Touadéra (AI du 03/11/21). Il avait accueilli en son sein de nombreux miliciens du PK5, après des négociations menées entre Mahamat Rahama et le ministre de l’intérieur d’alors, Henri Wanzet Linguissara. Au grand dam de l’EUTM- RCA, la mission de formation de l’Union européenne (UE), qui assurait encore alors la formation des FACA.
Poumon économique de Bangui, le PK5 avait peu à peu échappé au contrôle de l’État centrafricain au début des années 2010. Sur fond de fin de règne de l’ancien président François Bozizé (2003-2013), le quartier avait été au cœur de la guerre civile entre les milices Seleka, à majorité musulmane, et les anti- balaka. À partir de 2014, le quartier vivait sous le joug des milices d’autodéfense, que la Minusca ne parvenait pas à désarmer. En 2020, une association de commerçants avait repris le contrôle du PK5, au prix de violents combats, sans toutefois totalement accepter le retour de l’autorité de l’État.
Paris 03 05 2024